La sentinelle

” Elle est retrouvée.

Quoi ? – L’Eternité.

C’est la mer allée avec le soleil “. 

Arthur Rimbaud, « L’Eternité », mai 1872.

Ame sentinelle, tu marches, drapée de rouge sur une plage infinie.

Rêve obsédant, immobile, tu nous captives. Fixité du mouvement et de la pensée.

Le sable ne roule plus sous tes pieds, il retient désormais ton pas le long de cet océan immatériel.

La lumière des limbes nimbe toujours notre monde.

Sidérés, le regard accroché à ta robe rougie de notre sang, nous te découvrons.

Gardienne tapie au plus profond de notre finitude, âme sentinelle, tu piétines inlassablement nos pensées. Tu marches face à la mer allée avec le soleil. L’Eternité nous est refusée, à moins de mourir. Sens interdit.

Nous sommes les proscrits de l’immutabilité. Sur le rivage où tu nous attends, un par un, tu saisis nos ombres diaphanes comme nos songes de permanence.

Ame sentinelle, seule toi resteras.

Gilles.Strauss

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